Nécrologie – Ludwig Schubert nous a quittés !

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IN MEMORIAM …

J’ai connu Ludwig Schubert dans les années 70 en pleine crise économique du premier choc pétrolier et de ses conséquences sur le Service public européen naissant, comme jeune parisien, fonctionnaire syndicaliste travaillant loin de Bruxelles, au CCR à Ispra en Italie puis à Petten aux Pays-Bas. Il a été mon «maître» et mon «mentor» sur les grands dossiers statutaires traités solidairement le plus souvent côte à côte.

Ludwig a toujours combiné avec succès, moyennant beaucoup d’efforts, de sacrifices et de travail, sa brillante carrière d’économiste de premier plan à la DG II (actuellement ECFIN – Affaires économiques et financières) avec une activité de représentant du personnel.

Ludwig excellait dans la conception et les négociations concernant le statut des fonctionnaires et autres agents de l’UE et plus particulièrement sur ses dossiers de prédilection comme celui de la fameuse Méthode d’adaptation des rémunérations et des pensions qu’il a conçu en 1972 ; des principes et de la gestion du régime de pension actuel, ainsi que sur le Régime commun d’assurance maladie (RCAM). Pour agir au meilleur niveau, il a assuré plusieurs fois, toujours simultanément avec son engagement professionnel de haut rang, des fonctions de premier plan dans la représentation du personnel.

Politiquement engagé, parfaitement bilingue DE-FR, Européen de la première heure, Ludwig était aussi un homme de terrain convaincu de l’importance du dialogue social pour défendre sans ménager ses efforts le Service public européen (SPE).

Ludwig nous a légué des dizaines d’articles fondamentaux qui serviront de guide aux prochaines générations et qui témoignent de sa maîtrise parfaite des sujets traités, ainsi que d’une clairvoyance politique hors du commun.

Ludwig avait la force et la sagesse comme disent les jeunes aujourd’hui. Il était convaincu du bien-fondé de son engagement pour défendre ce en quoi il croyait profondément : le Service public européen et l’Europe.

Ludwig, par sa connaissance approfondie et son excellente préparation ainsi que par sa culture générale étendue, était crédible et convaincant avec des arguments qui faisaient mouche.

Il agissait avec humanité et même une certaine humilité, en respectant les gens et en tenant compte de leurs opinions. Il avait une grande clairvoyance sur les priorités et les chances d’atteindre les objectifs qu’il s’était fixés. Rigoureux et précis, il ne supportait pas l’approximation. Il avait un sens remarquable du compromis juste et motivé. Diplomate, respecté et respectueux de la démocratie pour l’intérêt général bien compris, lorsqu’il croisait l’incompétence arrogante, il n’hésitait pas à la pourfendre publiquement, quel que soit le niveau de son interlocuteur.

Il avait un sens aigu du rapport de force à établir avec la «contrepartie patronale», comme il disait. Il savait lancer et organiser les actions, mais aussi les arrêter au bon moment quand la négociation allait de soi. Une de ses expressions favorites n’était-elle pas : «Le Conseil est une machine à vapeur qui marche à la pression.» ?

Il n’hésitait jamais à s’engager lui-même en première ligne sur le terrain, où il n’était jamais là pour paraître, mais par conviction et surtout toujours dans l’intérêt général.

Au cours des presque cinquante dernières années, en dehors de son important apport professionnel de haut fonctionnaire notamment dans le domaine économique et monétaire avec l’euro, Ludwig aura fait plus que tous les gestionnaires de passage des institutions de l’UE, pour que le SPE soit et reste une administration centrale performante indispensable à la poursuite de l’intégration européenne.

Ludwig avait des projets d’avenir en vue des prochaines élections européennes en mai 2019 et il encourageait tous ses amis à s’y engager aussi.

Jusqu’à la fin de sa vie, Ludwig a été actif et engagé, même au sein de l’AIACE, une fois pensionné. Ceux et celles nombreux qui l’ont connu le regretteront comme un homme extraordinaire et pour quelques-uns comme un ami très cher.

Jusqu’aux derniers jours, dernières heures de Ludwig, le 28 décembre dernier, Eliane, Erik, Raffaella, son fils Erik et moi-même étions convaincus qu’il ne s’agissait que d’un nouvel obstacle qu’il allait franchir pour revenir parmi nous plus décidé que jamais.

Beaucoup ont cru qu’il était inaltérable … allez … éternel.

Personne ne l’oubliera de sitôt.

Pierre Blanchard – Discours prononcé le 7 janvier 2019 à Woluwe-Saint-Pierre

 

**********

 

Chers camarades, chers collègues,

J’ai appris, avec une très grande tristesse, que notre camarade et ami Ludwig nous a quittés.

Les trois phrases que j’ai lues dans le communiqué de l’AIACE sont un excellent résumé des mérites de Ludwig :

Ludwig a été tout au long de sa vie un Européen convaincu et un syndicaliste hors pair.

Au cours de sa longue carrière à la DG II de la Commission (aujourd’hui ECFIN) et au service de l‘Union Syndicale d‘abord, de l’AIACE ensuite, il s‘est battu pour démontrer que le personnel des institutions européennes constitue l’atout majeur pour la réalisation des buts politiques de l’Union. Nous lui devons notamment la Méthode d‘adaptation de nos rémunérations et pensions, qui est à présent intégrée dans le Statut.”

Il est difficile de dire plus sans dire moins.

Tout d’abord, Ludwig était mon maître à penser, pas le seul, l’autre étant Franco Giuffrida. Je suis entré en fonction au Conseil de l’UE le 1er novembre 1979. Peu après, un conflit éphémère sur les rémunérations a été déclenché et aussitôt résolu. Un an plus tard, le Conseil a résilié la deuxième Méthode d’adaptation des rémunérations, conçue par Ludwig.

Au Conseil, nous avons fait six mois d’actions en 1981 pour obtenir une nouvelle Méthode. Ludwig était le père intellectuel de toutes les Méthodes ; Franco Giuffrida fut plutôt le négociateur et le père politique de la nouvelle Méthode de 1981.

Alors qu’aux années 1960 et 1970, c’est la Commission, inspirée par Ludwig, qui était le fer de lance de toutes les luttes syndicales, le personnel du Conseil a été le fer de lance depuis 1981.

Ce qui m’a toujours frappé, c’était le dynamisme, la force de conviction et le syndicalisme sincère et véritable de Ludwig.

Lorsque j’ai fait sa connaissance, il était encore Chef de division. Plus tard, il a été promu au grade de Directeur et finalement au grade de Directeur général. Mais il est toujours resté le même. Il n’a jamais caché son engagement ni ses sympathies syndicales. Vis-à-vis de ses camarades, il était toujours prêt à discuter sur un pied d’égalité, mais vis-à-vis des “sous-fifres” du groupe Statut du Conseil, il éprouvait et exprimait un mépris total, d’autant plus que, en raison de ses qualifications extraordinaires, il se sentait supérieur à ces représentants peu qualifiés des Etats membres qu’il considérait comme réfractaires et, à la limite, comme réactionnaires alors que, pour lui, la Commission représentait la vraie Europe, la vraie démocratie, le progrès et l’avenir.

Son engagement syndical n’a jamais diminué. Après la retraite, il a continué le combat à l’AIACE.

Ses mérites sont énormes et incontestables.

Ludwig me manquera beaucoup et je suis loin d’être le seul.

Ludwig, je te remercie sincèrement et infiniment.

Günther, un de tes disciples et admirateurs

Günther Lorenz, Président d’honneur de l’USB

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