L’Union Syndicale demande à l’administration l’ouverture immediate d’une table de négociations
Le SCIC offre des prestations d’interprétation à la Commission, au Conseil et au Comité des Régions et au Comité Économique et Social grâce à des interprètes statutaires et free-lance. Au cours de ces dernières années, le contexte de travail a fortement changé, à cause d’une mutation digitale considérable de ses services, qui s’est amplifiée avec la crise sanitaire de 2021.
La Délégation des Interprètes, qui représente le personnel de cette catégorie, a accompagné la profession pendant la pandémie en faisant face à toutes les évolutions. Elle est désormais confrontée à des défis sans précédent et de tous ordres.
En particulier :
- Culture de service : une dévalorisation de la profession en interne et le refus d’engager des discussions sur les conditions de travail avec les institutions « clientes » sous prétexte du respect de la concurrence;
- Risques extérieurs : l’interprétation par intelligence artificielle et celle sur plate-forme extérieure. Cette dernière est assurée par des interprètes payés en mode « low cost » par les institutions clientes;
- Manques d’effectifs et défaillances dans la programmation du SCIC ;
- Horaires chaotiques : des missions avec des délais irréalistes et l’augmentation concomitante de frais à charge des interprètes ;
- Nouvelles conditions de travail sans protection : les modalités de travail en « remote » et « hybride » sont en mode pilote, sans avoir fait l’objet préalablement d’analyses de santé et de sécurité au travail. L’administration n’offre pas les statistiques nécessaires qui permettraient de quantifier les limites acceptables d’exposition auditive pour l’ interprétation à distance. Le SCIC participe également, par l’intermédiaire de ses représentants, à l’élaboration de normes ISO qui conduiront à des modalités à distance en Hub, dans des conditions de travail inacceptables ;
- Suite de la pandémie : pour l’heure, l’administration n’a pas donné suite aux recommandations du CPPT (Comité pour la protection et prévention sur le lieu de travail) de février 2023, qui prévoyait la mise en place des mesures nécessaires pour protéger la santé auditive des interprètes. Le délai de rigueur de trois mois est dépassé ;
- Gestion du personnel en écartement : le cadre de gestion du personnel en écartement partiel ou total par la médecine du travail est inexistant. De ce fait, et en l’absence de données scientifiques établies, les interprètes d’ores et déjà en difficulté sont confrontés à des comportements culpabilisants : le SCIC considère que la mise en écartement des plateformes est une faveur.
La Délégation des interprètes continue à solliciter la hiérarchie du SCIC pour une reprise de dialogue sur ces différentes thématiques. Dernièrement, elle a demandé le soutien des syndicats et du CLP à cette fin.
L’Union Syndicale estime que de tout ce qui précède a un seul point commun : la santé et la sécurité au travail de nos collègues interprètes. C’est là-dessus qu’il faut travailler pour remédier à la situation, à la fois par les analyses de risques de santé et de sécurité nécessaires et par des modifications substantielles du cadre juridique applicable et du système de management actuel (en ce compris la clarification des rôles respectifs de la DG HR, de l’OIB, de la DIGIT et du SCIC). Ces carences de l’organisation du travail engendrent aussi des charges psychosociales sur le personnel.
Concrètement, l’Union Syndicale qui suit ce dossier et soutient la délégation depuis des mois, va entamer les actions suivantes dans les semaines à venir:
- Préparation d’une nouvelle intervention au CPPT en concertation avec la délégation des interprètes;
- Demande d’ouverture de concertation avec le SCIC et la DG HR sur les conditions de travail des interprètes ;
- Demande de soutien de ces actions auprès du Comité Central du Personnel (CCP)
- Éventuelles actions judiciaires pour l’automne, si les actions précédentes n’aboutissent à un changement des conditions de travail des interprètes et à une amélioration de leur santé auditive.