Union Syndicale Fédérale Luxembourg

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Agora #91
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l'USFL bénéficie bien sûr de l'énorme savoir et de l'expertise de tous les MO, qu'ils soient "communautaires" ou "non communautaires"

Par et grâce à l’Union Syndicale Fédérale

Une conversation avec Nicolas Mavraganis et Arty Kyramarios

L’USF n’est pas seulement une fédération syndicale, c’est une communauté d’esprit et j’oserais même dire une communauté de destin.

Quelle est l’histoire de votre organisation membre ?

Nicolas : Elle est un peu négative mais avec un résultat positif. Nous sommes basés à la Commission à Luxembourg. La plupart des membres actifs de notre syndicat ont quitté une ancienne organisation membre de l’USF (Union Syndicale Luxembourg) lorsque l’USL a décidé de quitter l’USF et de rejoindre une autre fédération appelée Alliance. Certains d’entre nous ont en fait été exclus de l’expression de leurs préoccupations concernant la gouvernance et la stratégie de l’USL. La plupart de ces anciens membres de l’USL souhaitaient cependant continuer au sein de l’USF qui correspondait à leurs valeurs et ont donc décidé en 2015 de créer USF Luxembourg et bien sûr d’adhérer immédiatement à l’USF.

Arty : Je suis entré en jeu plus tard même si j’avais déjà soutenu le nouveau syndicat sans être affilié en échangeant avec l’USFL ou en écrivant du matériel pour elle. Il était évident que nous partagions la même approche de travail : tout doit être discuté de manière ouverte et transparente avec le plus grand nombre de personnes possible, c’est-à-dire au-delà du ” Comité exécutif ” formel de l’Union, et même au-delà des affiliés.

Les résultats des discussions/conclusions alimentent ensuite les décisions de l’Union. Si une décision ne suit pas cette voie, elle doit être expliquée en retour aux participants des discussions précédentes. Outre cette approche ascendante avec retour d’information, les actions doivent être menées de manière simple et directe. Pas d’obstacles typiques comme une structure de gouvernance complexe et sclérosée et éviter par tous les moyens de dépendre des autres. En d’autres termes : Consulter largement, prendre des décisions de manière transparente, faire en sorte que la mise en œuvre soit courte et simple, et le faire soi-même (dans la mesure du possible).

C’est l’idée mais comment cela s’est-il passé effectivement ?

Nicolas : par des discussions comme l’a indiqué Arty et jusqu’au moment où l’approche était prête, c’est-à-dire pleinement intégrée par tous. Mais ce n’était pas suffisant. Nous avions alors des élections sociales en vue et nous avions besoin de plus que de la bonne volonté et une approche commune. Heureusement, l’USF nous a aidés. Par exemple, US Petten nous a très gentiment aidés financièrement (une campagne a un coût). Et bien sûr, de nombreuses autres organisations membres ont offert leurs conseils, leur soutien matériel et moral. Tout cela nous a semblé naturel et a confirmé que nous partagions la même conception de la solidarité. Le nom de notre organisation a été choisi pour refléter cette “communauté d’esprit” avec les autres organisations membres de la Fédération. Nous avons réussi à obtenir un score très décent en tant que nouveau syndicat et, à partir de là, nous avons augmenté notre score à chaque élection. Par conséquent, nous avons dirigé directement le Comité local du personnel de la Commission à Luxembourg, représentant quelque 4 000 membres du personnel au cours du mandat 2019-2022.

Arty : Les membres fondateurs étaient très compétents, très motivés et inspirés. Ils ont par exemple créé des guides de connaissances à partir de rien et les ont rédigés très tôt, ou ont transmis leurs connaissances à d’autres lors de réunions dédiées. Jean-Pierre Tytgat et Isabelle Wolff, que nous avons perdus en 2020 et 2023, étaient tout simplement extraordinaires. Les compétences les plus inspirantes qu’ils incarnaient au-delà du partage des connaissances étaient l’écoute active et la remise en question systématique de leur opinion. C’est ce que l’on attend de tout représentant du personnel, mais après tant d’années de pratique, ce profond dévouement était tout simplement remarquable.

Quelles sont vos activités en tant que syndicat ?

Nicolas : Nous nous soucions des préoccupations de nos affiliés mais aussi de tout personnel qui s’adresse à nous, qu’il soit affilié ou non, qu’il soit statutaire ou non. C’est notre politique et notre esprit, nous ne conditionnons jamais notre aide. Sauf peut-être en ce qui concerne la couverture des coûts de formation ou les entretiens fictifs, qui sont limités aux affiliés. Cela s’est avéré être une approche durable à long terme. En outre, l’approche “faites-le vous-même” est l’une des raisons, une autre est le service sur mesure : nous essayons toujours de clarifier et de résoudre le souci/la question/le problème nous-mêmes/en interne/avec notre réseau USF. Par conséquent, nous résolvons rapidement les problèmes de nos collègues et ils nous le rendent en votant pour nous et/ou en devenant de nouveaux affiliés.

Arty : l’approche expliquée par Nicolas est en effet financièrement viable et nous traitons avec toute personne qui se présente, qu’il s’agisse de directeurs hautement qualifiés ou d’agents contractuels faiblement rémunérés. Nous ne faisons pas de sélection à cet égard. Cependant, il va sans dire que nous accordons une attention particulière aux préoccupations typiques de nos affiliés. La plus grande partie de nos affiliés sont des AST (assistants) et, dans l’ensemble, nous avons beaucoup plus de femmes que d’hommes. Nous avons eu l’occasion d’expliquer dans AGORA comment cette catégorie AST est “laissée derrière” / “non prise en charge” dans notre Institution (Précarité et ses conséquences sur le personnel – Union Syndicale).

Comment contribuez-vous à l’USF ?

Nicolas : Eh bien, grâce à la synergie ! Nous contribuons en appliquant la même approche que dans notre organisation, en partageant de manière transparente sur n’importe quel dossier toutes nos connaissances, analyses, temps et compétences disponibles, en gardant les choses simples et en visant des actions concrètes. Nous travaillons beaucoup. À titre d’exemple, l’année dernière, nous avons assumé une part importante de la charge du dialogue social à la Commission et nous avons coécrit ou contribué à des brochures avec l’USB. Nous contribuons aussi régulièrement à la rédaction d’AGORA.

Arty : Nous contribuons en effet plus étroitement avec les organisations membres naturellement plus proches. Tout d’abord, nous contribuons avec tous les MO basés à la Commission sur tous les dossiers qui concernent le dossier du Statut (Communautaire) grâce à des réunions hebdomadaires avec eux qui permettent une parfaite coordination. Deuxièmement, nous partageons et travaillons régulièrement sur des dossiers locaux dédiés avec le MO basé à Luxembourg (EPCU CJ à la Cour de Justice et USPE au Parlement). Troisièmement, nous partageons tout notre matériel produit (analyses, brochures et lettres d’information) en temps utile avec tous ces OM.

Que vous apporte l’USF ?

Nicolas : En fait, l’USFL bénéficie bien sûr de l’énorme savoir et de l’expertise de tous les MO, qu’ils soient “communcautaires” ou “non-communautaires”. Mais soyons clairs, quoi que nous fassions, nous avons besoin de temps. Par solidarité, nous bénéficions de détachements de la Commission (1,5 ETP en réalité), ce qui est relativement plus proportionnel à ce que nous apportons en termes de représentativité au niveau de la Commission. Cela nous a aidés à créer notre organisation et c’est une autre merveilleuse preuve de solidarité de la part de la Fédération.

Cette solidarité du détachement s’accompagne d’un prix que nous devons payer et que nous payons effectivement, à savoir participer activement à tous les dossiers “locaux” (Luxembourg) ou “non locaux” que nous pouvons, soit en tant que chef de file, soit en tant que contributeurs majeurs et certainement très actifs. Sans cette solidarité et cet échange permanent, nous n’existerions pas et nous ne survivrions pas non plus. C’est le lot de toute organisation de petite taille et il faut le rappeler.

Arty : Il y a toujours une valeur supplémentaire à travailler ensemble sur un dossier comme nous le faisons principalement avec la section de la Commission USB concernant l’élaboration de nouvelles règles et/ou leur mise en œuvre (dialogue social sensu strictu).

Le temps que nous passons effectivement grâce au détachement susmentionné va bien au-delà des heures de travail normales. Même si l’on y ajoute le temps libre de nos affiliés actifs, cela ne suffit pas pour accomplir le travail de l’Union.

Nos affiliés actifs font un excellent travail, mais il convient de noter les limites de leur implication, en particulier avec la nouvelle méthode de travail, qui implique un large recours au télétravail, ce qui limite encore davantage le temps que les bénévoles heureux peuvent consacrer à l’Union. Nous essayons donc de compenser en impliquant de plus en plus de bénévoles potentiels, car chacun d’entre eux consacrera relativement moins de temps qu’il n’aurait pu le faire auparavant.

L’avantage d’interagir avec un plus grand nombre de personnes est que l’Union recueille encore plus d’opinions et d’approches, c’est un processus enrichissant. D’un autre côté, cela implique plus de modération et de coordination, ce qui nécessite plus de temps et de ressources. C’est une situation difficile, mais nous aimons ce que nous faisons et nous essayons de survivre. Mais alors, quelle Union ne le fait pas ?

Une anecdote à partager avec nous ?

Arty : la plupart des anecdotes sont liées à des échanges avec le personnel qui sont confidentiels par nature. Les situations personnelles sont logiquement gérées en silo (one to one) et ne sont partagées qu’en cas de besoin. Cela apporte parfois son lot d’amusement. Récemment, deux collègues, en fait un couple dans la vie réelle mais de manière indétectable, se sont plaints professionnellement l’un de l’autre. Bien qu’appartenant à des services différents, ils travaillaient sur le même projet. Lorsque le lien de couple a été découvert, nous les avons conseillés séparément, à leur satisfaction. Cela nous rappelle à tous les deux que souvent, au-delà des problèmes professionnels ressentis, il y a d’autres aspects non liés au travail et aussi pourquoi l’écoute active est si importante. Cela permet de gagner beaucoup de temps.

Nicolas : ma meilleure anecdote concerne Arty. En 2019, il ne voulait pas être inscrit sur la liste électorale. Nous n’avons pas seulement réussi à le faire venir et à le faire élire, nous lui avons offert la présidence du Comité du personnel. J’avais personnellement fait un pari (professionnel bien sûr) avec un tiers et j’ai gagné. Ce dont je suis personnellement fier, c’est que l’on peut donner à n’importe quel collègue – bien sûr honnête et de bonne volonté – doté d’un esprit structuré, les moyens de faire un travail syndical au service de l’intérêt général. C’est ce que l’USFL essaie de faire avec ses affiliés et cela fait aussi partie de son approche.

Une dernière réflexion ?

Nicolas : Joyeux anniversaire à l’USF. L’USF n’est pas dépendante de personnes spécifiques mais elle dépend de l’implication des gens. L’Union Syndicale Fédérale Luxembourg existe grâce à l’USF et à ses personnes actives qui vivent pour l’USF. Je pense en particulier à Sylvie Jacobs, Vera Lipton, JP Escanilla Perez et bien d’autres. L’USF n’est pas seulement une Fédération syndicale, c’est une communauté d’esprit et j’oserais même dire une communauté de destin
Je vous en remercie !

Arty : Merci beaucoup USF. Bon anniversaire à l’USF ! Merci pour votre émulation quotidienne qui nous aide à mieux aider nos affiliés et les employés de nos institutions et organes européens. Promettez-nous une chose : “N’arrêtez pas d’y croire ! Hold on to that feeling” (comme l’a chanté le groupe Journey au début des années 80).

Arty Kyramarios

A PROPOS DE L’AUTEUR

Président USF-Luxembourg 2024 – présent

Nicolas Mavraganis

A PROPOS DE L’AUTEUR

Président USF-Luxembourg 2015-2023. Président USF 2019 – présent