La survie de l’Union Syndicale se jouera à sa capacité à s’adapter aux changements et à renforcer les liens avec ses affiliés
L’esprit d’appartenance, la fierté d’être une modeste brique dans la construction européenne ont été remplacées par le sentiment de faire la même chose que ce qu’on ferait dans une banque ou une usine.
Comment refaire le syndicalisme dans ces circonstances ? Plusieurs pistes s’ouvrent devant nous : les nouvelles technologies bouleversent le modèle de communication désormais digitalisé entre les organes du syndicat et les affiliés. La création de groupes de discussion, sectoriels ou locaux est un élément indispensable pour contrer la tendance à la dispersion qui résulte du télétravail et de la multiplication des centres de travail. Cela permet aussi la montée d’idées nouvelles et une militance plus active.
Notre regretté Ludwig Schubert, le père de la méthode d’adaptation salariale des fonctionnaires et autres agents des institutions européennes, me racontait une fois que la première manifestation syndicale à la Commission avait été organisée par une douzaine de personnes qui s’était planté devant le bureau du commissaire compétent avec un radio cassette qui jouait l’hymne à la joie.
Image naïve, vue de la distance, qui donne le ton d’un temps révolu : fini l’administration bienveillante, qui protégeait ses employés. Maintenant, une administration de plus en plus hostile pousse vers la précarisation, interprète le Statut de façon de plus en plus restrictive et restreint la liberté syndicale.
L’un des fleurons de l’Union Syndicale, dont on peut être fiers, est sa capacité de soutien juridique aux collègues en situation de difficulté. Nous nous devons de maintenir cette capacité de les accompagner jusqu’aux dernières instances, sans pour autant devenir une compagnie d’assurance dans laquelle le membre ne se rappelle l’existence de l’US que lorsqu’il en a besoin. Une militance éveillée est absolument nécessaire et des discussions étendues sur les différents sujets sont fondamentales y compris pour préparer des éventuelles actions légales.
Nous sommes à l’aube de changements profonds dans le contenu même de nos missions. Les nouvelles technologies aidant, le travail à distance, même partiel, s’impose. Les réunions virtuelles prennent le pas sur les conversations informelles dans les couloirs ou la cafétéria. Le paperless aliène les rapports de l’agent avec ses dossiers parfois limité à un simple tick dans un flux informatique.
D’autres éléments de notre environnement ont fortement évolué. La pandémie COVID n’a été que l’accélérateur de tendances qui préexistaient : la dispersion en sièges et agences ; l’anonymat des open spaces ; la multiplication de collègues précaires, etc.
En bref, la survie de l’Union Syndicale se jouera à sa capacité à s’adapter aux changements et à renforcer les liens avec ses affiliés.
Juan-Pedro Perez-Escanilla
A propos de l’auteur
Membre du Bureau USF et Secrétaire Général de l’USB.