l’Union des Syndicale agit solidairement avec le monde du travail et est amené à prendre des positions qui sont politiques par nature.
L’Europe en crise
En 1974, l’Europe faisait face à une crise historique et politique d’envergure qui a profondément marqué la région. Tout d’abord, cette période a été marquée par des transitions politiques majeures dans plusieurs pays européens. En avril 1974, la Révolution des Œillets au Portugal a mis fin à près de 50 ans de régime autoritaire, ouvrant la voie à une démocratie naissante. Dans le même temps, l’Espagne se trouvait encore sous le joug du régime dictatorial de Francisco Franco, dont le décès en novembre 1975 entraînera des bouleversements politiques significatifs. La Grèce s’est également retrouvée au cœur d’une crise historique et politique d’une ampleur considérable avec la chute de la junte militaire au pouvoir depuis 1967.
En outre, la crise économique sévissait en Europe, exacerbée par les chocs pétroliers de 1973. Ces crises ont engendré une instabilité économique sans précédent, provoquant des niveaux élevés d’inflation, de chômage et une détérioration des conditions de vie pour de nombreuses familles. Ces pressions économiques ont exacerbé les tensions sociales et politiques, suscitant des mécontentements et des revendications au sein de la population.
Parallèlement, la Guerre froide continuait de diviser le continent, avec l’Europe de l’Est sous l’influence de l’Union soviétique et l’Europe de l’Ouest s’alignant généralement avec les États-Unis et l’OTAN. Les rivalités idéologiques et les menaces géopolitiques ont également contribué à façonner le contexte politique de l’époque, créant des défis supplémentaires pour la coopération et la stabilité en Europe.
Dans ce contexte de bouleversements politiques, de crises économiques et de tensions internationales, l’Europe se trouvait à un tournant critique de son histoire. La réflexion sur les défis et les opportunités liés à la place du syndicalisme dans la politique européenne en 1974 devenait essentielle pour tenter de trouver des solutions aux problèmes socio-économiques et politiques et pour façonner l’avenir du continent dans cette période de transition tumultueuse.
Un mouvement social de grande ampleur
Les années 1973 et 1974 ont été marquées par une effervescence des mouvements sociaux à travers l’Europe. La crise économique mondiale déclenchée par les chocs pétroliers de 1973 a eu un impact profond sur la région, entraînant une détérioration des conditions de vie pour de nombreux citoyens. Face à l’augmentation du chômage, de l’inflation et des inégalités sociales, les travailleurs et la population en général se sont mobilisés massivement pour exprimer leur mécontentement et défendre leurs droits.
Des syndicats encore puissants
Les syndicats ont joué un rôle central dans ces mouvements sociaux. Forts de leur tradition de lutte pour les droits des travailleurs, ils ont organisé des grèves, des manifestations et des rassemblements pour faire pression sur les gouvernements et les employeurs. Leurs revendications portaient souvent sur des questions telles que l’augmentation des salaires, la réduction du temps de travail et l’amélioration des conditions de travail.
L’émergence de nouveaux espaces revendicatifs
Parallèlement aux mouvements ouvriers, d’autres groupes sociaux ont également manifesté leur mécontentement et cherché à influencer le cours des événements. Les étudiants, les féministes, les écologistes et les militants des droits civils ont été actifs dans leurs revendications pour des changements sociaux, politiques et environnementaux.
Texte Du Congres Fondateur
Aucune organisation syndicale ne peut être politiquement neutre. L’action syndicale se réfère, explicitement ou implicitement, à un modèle de société ou de conception des rapports sociaux qui est par nature une option politique.
Dans cette optique au moment où différentes organisations syndicales d’institutions européennes et internationales se regroupent fédéralement (SIC), l’Union des Syndicats doit préciser la façon dont elle conçoit ce problème.
1. Chaque fonctionnaire international en s’engageant à servir l’une ou l’autre des institutions, a, en principe, par là même souscrit à l’idéal politique qui était à l’origine desdites institutions.
2. Il est clair que les fonctionnaires ne sont pas des mercenaires et qu’il est difficile d’établir une séparation abrupte entre les aspects strictement techniques de la vie professionnelle et le préalable « idéologique » défini au paragraphe 1 ci-dessus.
3. Il est non moins évident que lorsque les fonctionnaires se regroupent en organisations syndicales, ce n’est pas seulement dans le but de défendre des intérêts matériels, voire corporatifs. De nos jours, la défense des intérêts professionnels est aussi la défense d’une certaine qualité de la vie qui implique un jugement de valeur sur les motivations idéologiques qui sont à l’origine de l’engagement professionnel.
4. Il en découle que, parmi d’autres tâches, les organisations syndicales se doivent de porter un jugement sur les options politiques d’origine et sur leur évolution en fonction des circonstances extérieures.
5. À ce titre, elles ont un rôle important dans la protection des droits des travailleurs et participe à la réalisation des objectifs politiques, économiques et sociaux en collaboration avec les organes décisionnels compétents.
Conclusion :
En conformité avec la Déclaration d’Ispra, l’Union des Syndicats agit solidairement avec le monde du travail et de ce fait est amené à prendre des positions qui sont politiques par nature. Ceci ne signifie pas une inféodation à un ou des partis politiques nationaux.
Recommandation : l’Union des Syndicats recommande au comité fédéral de prendre une position sans ambiguïté contre toute forme de carence :
• de nos institutions ;
• des gouvernements des États
• des détenteurs réels du pouvoir économique dans notre société,
à mener une politique de réelle coopération.
Emmanuel Wietzel
A PROPOS DE L’AUTEUR
Enseignant, formateur syndical à la Confédération Générale du Travail et Euro.formateur du réseau ToT de l’European Trade Union Institute (ETUI), ancien responsable du secteur Asie-Pacifique du collectif international de l’UGICT-CGT, grand supporter du service public et du dialogue social, passionné par la construction européenne et l’histoire du mouvement syndical international. Directeur administratif de l’Union Syndicale depuis 2017.