Nous sommes en 2024 et l’USF fête ses 50 ans. J’en suis membre, par l’intermédiaire de l’USB, depuis environ 30 ans, je lui ai consacré activement 15 ans de ma vie et j’en ai été présidente… si peu de temps au fond qu’il me serait difficile de prétendre avoir laissé une trace impérissable sur notre syndicat.
Comme présidente, j’ai tâché d’assurer dignement la succession de Giovanni Sergio, mon ami et mon mentor, qui fut le premier à me faire confiance parmi les « chefs » qui m’ont recrutée, qui m’a poussée vers la présidence et m’a soutenue ensuite, même de loin. Je ne peux évoquer ma présidence sans lui rendre hommage. Giovanni, entré comme simple « huissier », a parcouru toutes les catégories grâce au système des concours internes et à sa propre volonté ; sa grande culture, sa mémoire infaillible, sa bienveillance et son sens de la diplomatie ont été des atouts précieux pour notre syndicat, aussi bien face à l’administration que pour gérer les querelles internes qui ne manquent jamais de se produire dans une grande organisation aux antennes si diverses, et amener l’USF en formation groupée dans les négociations. Merci Giovanni.
On m’a demandé d’axer mon intervention sur le thème de l’égalité hommes-femmes : je dois à la vérité de dire que cela m’a dans un premier temps agacée : pourquoi supposer que je me sois particulièrement intéressée à la question – parce que je suis jusqu’ici la seule femme à avoir accédé à la présidence ? Eh bien non, je n’ai rien fait de spécial pour la cause des femmes.
Rien de délibéré du moins. Car à y bien penser, c’est je crois simplement mon parcours qui a pu faire évoluer l’attitude du syndicat vis-à-vis des cadres féminins, non seulement parce que j’avais peut-être le bon profil, mais aussi parce que c’était le bon moment.
On pourrait dire que j’ai débuté à l’US avec, aux yeux de ses principaux dirigeants, un double handicap : j’étais une femme et j’étais une ancienne traductrice. Dans un cas comme dans l’autre, j’étais donc un être un peu à part, trop… et pas assez… et recrutée, au départ, comme petite main au comité local du personnel. Mais l’époque était faite pour moi : le début des années 2000 fut en effet marqué, d’une part, par la montée du thème à la mode « égalité des chances » et, de l’autre, par la généralisation de l’anglais dans la communication interne des institutions, jusque-là très francophone. Je suis donc devenue très vite très utile pour traduire nos tracts et documents et pour assurer le quota « femmes » dans les négociations et rencontres diverses avec l’administration.
Si j’avais, à cette époque, consacré du temps et de l’énergie à protester contre « on prend Sylvie dans la délégation parce que c’est une femme », je ne crois pas que j’aurais pu progresser dans l’échelle syndicale. Avant d’entrer à la Commission, avant d’arriver à l’US j’avais déjà fait l’expérience de ce machisme ordinaire et résiduel qui consistait à regarder de haut, a priori, les quelques femmes évoluant dans un milieu professionnel essentiellement masculin. Je m’en suis tirée à chaque fois en montrant de quoi j’étais capable et en obtenant la reconnaissance de mes compétences. Ai-je eu de la chance ? oui, sans doute, la chance d’être prise à l’essai et de pouvoir me montrer à la hauteur. Le double handicap que je mentionne ne doit pas faire oublier qu’on m’a offert un détachement, et c’est bien cette décision de départ qui m’a permis d’arriver, finalement, à la présidence. Mais la suite dépendait de moi et je suis convaincue n’avoir eu ni plus ni moins de difficulté dans mon parcours que ne l’aurait éprouvé un homme.