Le cas de la Cour de justice
La précarité de l’emploi peut se caractériser par une durée limitée ou incertaine du contrat ou par le faible niveau de la rémunération ou encore par un cumul des deux. Deux types de contrats prévus dans le Régime applicable aux autres agents (« RAA ») intéressent la Cour de justice : les agents temporaires (« AT ») et les agents contractuels (« AC »). Le paysage de la précarité a été profondément modifié sous la réforme du statut de 2004, dont une des grandes nouveautés a été la création des AC. Quelques modifications y ont été encore apportées en 2014.
Rémunération : Si les AT sont classés sous la même grille que les fonctionnaires, les AC, eux, relèvent d’une grille distincte, beaucoup moins avantageuse. Pécuniairement, ils sont moins bien lotis, alors qu’au moins une partie d’entre eux exerce les mêmes fonctions que les fonctionnaires. Chacun de ces deux types de contrats se décompose, à son tour, en d’autres sous-groupes qui présentent des différences essentielles.
Les agents temporaires
- 2 a): puisqu’ il s’agit de pourvoir un emploi décrit dans le tableau des effectifs comme ‘emploi temporaire’, l’octroi d’un contrat à durée indéterminée (« CDI ») est possible. Il s’agit d’un nombre limité d’emplois discrètement accordés à des profils spécifiques, difficiles à trouver via des concours généraux EPSO.
- 2 b): il s’agit d’occuper, à titre temporaire, des ‘emplois permanents’. Puisque ces emplois budgétaires sont destinés au recrutement de fonctionnaires, un AT ne peut pas y être placé avec un CDI. La durée de son engagement ne peut pas dépasser 6 ans.
- 2 c): il s’agit ici de pourvoir des emplois temporaires des cabinets des membres de la Cour et du Tribunal (juges, avocats généraux, greffiers). Le RAA nous dit que l’engagement « ne peut être que de durée indéterminée ». Mais …
Le personnel des cabinets
Même s’il arrive souvent que l’agent puisse poursuivre sa carrière auprès du même ou d’un autre juge, cela n’est nullement garanti.
Les juges et les avocats généraux de la Cour et du Tribunal « choisissent librement le personnel de leur cabinet sur la base d’une relation de confiance mutuelle instaurée entre le membre et le candidat retenu »[2].
À la différence de la carrière des fonctionnaires dans les services, la progression du personnel des cabinets est automatique et prédéterminée par des instruments qui n’ont pas été publiés. On croirait donc qu’il n’y aurait plus de place à la concurrence entre collègues. Malheureusement, cela n’est pas toujours vrai, et des incompatibilités d’humeur risquent de se solder par l’éjection de quelqu’un qui aurait perdu la confiance de son juge, sans autre forme de procès.
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[1] À noter aussi le déséquilibre géographique plus marqué dans les cabinets, dû au fait que la langue de travail est le français.
[2] Lire d’Lëtzebuerger Land du 08.10.2021, Dominique Seytre, Adopte un référendaire.