Avec environ 95 % de personnel permanent et « seulement » environ 5 % d’employés à durée déterminée, l’Office européen des brevets (OEB) semble jouir, de l’extérieur, d’un « splendide isolement » par rapport à la plupart des autres organisations internationales et européennes. Cependant, comme c’est souvent le cas avec les chiffres, ceux-ci ne disent pas tout et d’un point de vue interne, les conditions d’emploi et leurs récentes évolutions à l’OEB ne semblent pas si « isolées » et encore moins « splendides ».
En raison des compétences techniques et juridiques hautement spécifiques demandées à la majorité du personnel de l’OEB, il a longtemps été considéré que les contrats à durée déterminée n’étaient pas la forme d’emploi appropriée pour cet Office. La nécessité d’une formation longue et approfondie des nouveaux employés est une condition « sine qua non » pour délivrer des brevets de qualité. Cet investissement nécessaire en temps et en ressources pourrait être perdu pour l’organisation si les contrats à durée déterminée devenaient la norme, sans parler des connaissances accumulées et partagées par le personnel nouvellement recruté. En outre, au niveau individuel, un « syndrome de la cage dorée » existe à l’OEB, car après quelques années d’emploi, le personnel tend à se spécialiser dans le domaine des brevets et perd son expertise globale. L’expertise dans le domaine des brevets n’est pas facilement reconnue dans d’autres domaines. Le personnel quittant l’OEB après quelques années d’emploi pourrait avoir beaucoup de mal à trouver un emploi ailleurs à des conditions comparables. Ces considérations étaient valables dans le passé et le sont toujours aujourd’hui.
L’introduction en 2018 de contrats à durée déterminée[1] comme norme pour les employés nouvellement recrutés, renouvelables jusqu’à une période de 10 années consécutives, a créé une nouvelle situation qui va à l’encontre de ces considérations. Si à l’heure actuelle, principalement pour des raisons budgétaires et de contingence, seulement 5% de l’effectif total de l’OEB est composé d’employés à durée déterminée, la limite supérieure actuelle de 20% d’employés à durée déterminée (sur l’ensemble de l’effectif combiné à ladite durée, prolongée de 10 ans) ne présage rien de bon pour l’avenir des conditions d’emploi du personnel et l’avenir de l’OEB.
Un projet de circulaire visant à clarifier ces règlements est actuellement en discussion. Bien qu’il semble y avoir quelques améliorations positives mineures, les questions les plus importantes en jeu, en particulier la durée maximale de 10 ans pour les contrats fixes, n’ont pas été abordées de manière positive comme le demandaient l’US-OEB et la représentation du personnel. Un nouveau document d’orientation concernant les stages de courte durée, l’emploi et la mobilité interne mais aussi externe, est également en cours de discussion.
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[1] Modernisation du cadre d’emploi de l’OEB, CA/3/18, 23.02.2018