Qu’est-ce qui donne un sens au travail aujourd’hui et pouvons-nous encore trouver un sens à nos vies si l’IA nous remplace ? Et que se passe-t-il lorsque les pensées alarmistes de Gunthers Anders rencontrent la vision du monde cynique de David Graeber ?
Une autre journée au bureau, une autre réunion organisée par un autre collègue qui a « oublié » d’ajouter un ordre du jour. Hmmm…
À moins que vous ne prépariez un match d’impro ou que vous ne prépariez les participants à une audition pour « l’academie du baratin » ajouter un ordre du jour est vivement conseillé, surtout si le sujet est aussi vaste et illimité que l’IA.
Et oui, il s’agit d’un autre article sur ce qui ressemble plus à un mot à la mode qu’à un véritable sujet pour lequel, je ne pense pas que beaucoup d’entre nous soient préparés, ou aient grand-chose à dire à part répéter ce qui a été vu sur Arte.
Depuis novembre 2022 (lancement officiel de ChatGPT), les recherches en ligne liées à « IA » et « ChatGPT » ont explosé, et quelque chose me dit que cela ne va pas s’arrêter.
Plus les gens recherchent un sujet spécifique, plus le sujet est adopté publiquement. Cependant, on peut aussi se demander s’il existe une corrélation directe entre la couverture médiatique et sa pleine compréhension par le public.
Selon les pionniers de la théorie des lacunes de connaissances (Knowledge gap hypothesis – uniquement disponible en anglais), Phillip J. Tichenor, George A. Donohue et Clarice, lorsque des informations sur un sujet particulier sont diffusées par les médias de masse, les écarts de connaissances entre les groupes socio-économiques (SEC) ont tendance à se creuser plutôt qu’à se réduire. En effet, comme les personnes riches ont un meilleur accès et une « supposée » meilleure capacité cognitive à comprendre des informations complexes, elles seraient mieux placées pour faire un usage plus efficace des médias de masse et prendre de meilleures décisions pour s’adapter à tout changement sociétal.
Bien que cela semble logique, je n’y crois pas totalement ! Les personnes issues d’un milieu socio-économique moins favorisé n’ont peut-être pas le luxe de distiller et de parcourir les informations du New York Times, elles prendront sûrement la bonne décision en fonction de leur expérience directe et des circonstances. Mais bon, je m’égare.
Selon un rapport de McKinsey (uniquement disponible en anglais), plus de 800 millions d’emplois disparaîtront et 12 millions de personnes changeront de carrière d’ici 2030, à condition de recevoir la formation adéquate. Et malheureusement, cette adoption mondiale de l’IA aura principalement un impact sur les emplois détenus par des personnes issues d’un milieu socio-économique défavorisé. Les données Indeed prédisent que les métiers tels que préparateurs de commandes, les gestionnaire fiscal, les caissiers, les bureaucrates, les agents commerciaux itinérants et les techniciens d’assemblage deviendront obsolètes avant la prochaine décennie, ce qui correspond aux prévisions de Google.
Sans l’ombre d’un doute, les emplois qui risquent d’être remplacés par l’IA ont un point commun : ils impliquent des tâches répétitives et automatisées qui n’apportent aucune valeur réelle aux employés et à la société, ces emplois sont ce que l’anthropologue américain David Graeber pourrait appeler des bullshit jobs» (BS) ou job à la con.
On peut définir un emploi BS comme étant dénué de sens, insatisfaisant, inutile et plutôt épuisant à exécuter au quotidien. Pour ceux qui travaillent dans un bureau, vous devriez réfléchir à deux fois aux tâches que vous mettez sur votre liste de choses à faire et réévaluer le temps que vous passez à créer une feuille de calcul complexe à code couleur que personne n’utilise, car oui, cela peut être classé comme une tâche à la con. Oups !