Le thème de cette édition est “L’évolution de l’équilibre travail-vie personnelle”. Ce thème est important, très actuel et global.
Bienvenue à la 90e édition d’Agora. Le thème de cette édition est “L’évolution de l’équilibre travail-vie personnelle”. Ce thème est important, très actuel et global. Cela se reflète dans la longueur de cette édition d’Agora, plus longue que d’habitude grâce aux nombreux et enthousiastes collaborateurs.
La quasi-sacralité du travail est ancrée dans la civilisation occidentale. Depuis l’avènement du christianisme, le travail a été considéré comme un moyen d’améliorer nos vies et d’élever l’humanité vers des idéaux plus nobles. Les raisons de cela, outre les aspects religieux, pourraient avoir été la nécessité de réévaluer le travail aux yeux des masses, après la chute de l’Empire romain et de son économie basée sur le travail des esclaves. Cependant le travail n’était pas considéré comme une entité en soi, mais comme une partie, un complément et un élément épanouissant de la vie. Avec l’avènement du capitalisme et de l’industrialisation au XVIIIe siècle, le travail est devenu le moteur du progrès et a été vénéré comme tel. Il a permis de générer plus de produits, d’argent, de prestige et de puissance (au moins pour quelques-uns), mais il n’a pas nécessairement apporté une vie meilleure pour la plupart des gens. Au XXe siècle, l’importance du travail n’était pas seulement reconnue dans le monde capitaliste, mais par réflexion, aussi dans le monde socialiste (voir par exemple le “stakhanovisme”). La centralité du travail est encore présente aujourd’hui dans nos sociétés et est même affirmée dans certaines constitutions (voir par exemple la constitution italienne, Article 1). Bien que le travail soit sans aucun doute un pilier fondamental de nos sociétés, ce n’est pas un but en soi, mais seulement un moyen pour aller vers une vie meilleure, une société meilleure et un meilleur futur.
La notion d’équilibre travail-vie personnelle est relativement récente et remonte au milieu du 19e siècle avec les premiers syndicats et actions industrielles. Avant cette époque, les seules mesures d’équilibre travail-vie personnelle étaient inspirées par des préceptes religieux, comme la semaine de 6 jours et les célébrations religieuses. Du milieu du 19e siècle jusqu’à aujourd’hui le nombre d’heures de travail par jour et par semaine n’ont eu de cesse de diminuer, presque universellement. De même pour les congés annuels, le nombre de jours de congé est passé de zéro à deux à six semaines de congé annuel, selon les pays et d’autres paramètres. Ce qui est frappant et moins connu est que la pression pour réduire le nombre d’heures de travail hebdomadaires n’est pas toujours venue des syndicats et des travailleurs, mais souvent des employeurs eux-mêmes pour une meilleure efficacité et productivité[1]. Plus récemment, les avantages de la réduction des semaines de travail ont été reconnus par des études, programmes pilotes et entreprises dans de nombreuses circonstances[2]. Il convient de noter que les pays qui ont des semaines de travail plus courtes, comme le Danemark et la Norvège, obtiennent généralement de meilleurs résultats en termes d’efficacité et de productivité que les autres pays.
La réduction du temps de travail n’est cependant pas le seul paramètre à considérer pour un meilleur équilibre travail-vie personnelle. Les différents articles de cette Agora tentent d’aborder et d’analyser l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée sous différents angles et perspectives comme vous le verrez. En conclusion, on pourrait ajouter qu’une amélioration universelle de l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée des travailleurs/employés aurait certainement un effet positif sur la société et sur la durabilité à long terme de la planète.
Je tiens à remercier les auteurs, les contributeurs et le comité de rédaction. Un merci particulier à Asmayani Kusrini pour son dévouement continu dans la préparation de cette édition d’Agora.
Bonne lecture,
Roberto Righetti
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[1] Par exemple, Ford a introduit de son chef une semaine de 5 jours de travail en 1926
[2] Voir par exemple: https://www.ted.com/talks/juliet_schor_the_case_for_a_4_day_work_week
Roberto Righetti
ABOUT THE AUTHOR
Roberto est membre du Bureau fédéral de l’USF ainsi que membre et secrétaire du SUEPO de La Haye.