Ces dernières années, la question de l’emploi précaire au sein des institutions de l’Union européenne a fait l’objet d’une attention de plus en plus marquée. Qu’il s’agisse d’agents contractuels, de personnel temporaire ou de consultants internes et externes, un pourcentage croissant de la main-d’œuvre de l’UE travaille dans des conditions d’incertitude, de sécurité de l’emploi limitée et de perspectives de carrière restreintes. Si la plupart des discussions autour de la précarité se concentrent à juste titre sur les vulnérabilités socio-économiques qu’elle engendre, une dimension tout aussi vitale – mais souvent négligée – est son impact sur le principe d’impartialité.
Souvent perçue comme une question technique ou procédurale, l’impartialité prend une tout autre dimension lorsqu’on la considère à la lumière de la précarité croissante qui touche de nombreux agents de l’Union — qu’ils soient contractuels, temporaires, ou fonctionnaires confrontés à un traitement inégal.
Dans cet article, nous revenons sur un thème essentiel, non seulement pour les droits du personnel, mais aussi pour la crédibilité même des institutions de l’UE : l’impartialité.
Comme le montrent clairement les affaires présentées dans ce numéro, l’impartialité n’est pas toujours garantie. Qu’il s’agisse de procédures disciplinaires, de systèmes d’évaluation ou de décisions d’invalidité, l’absence de garanties structurelles et les déséquilibres de pouvoir peuvent compromettre l’équité des processus internes. Et pour celles et ceux qui occupent une position plus vulnérable, les conséquences peuvent être particulièrement graves.
L’Union Syndicale a toujours soulevé ces questions, non seulement en termes juridiques, mais aussi en lien avec les expériences vécues par nos collègues. L’impartialité n’est pas simplement un principe inscrit dans la Charte des droits fondamentaux ou dans le Statut. Il s’agit d’une obligation concrète, d’une règle que les institutions se sont fixée et qu’elles doivent respecter avec cohérence et responsabilité.
La mise en évidence de ce thème permet aujourd’hui de rappeler opportunément aux institutions leurs propres engagements. L’État de droit, l’éthique et la transparence doivent s’appliquer de la même manière, quel que soit le type ou le statut du contrat. Dans une administration publique, l’impartialité ne doit jamais être traitée comme un privilège ; elle est, et doit rester, un pilier fondamental de la fonction publique européenne.
Les décisions juridiques examinées dans ce numéro mettent en lumière une vérité essentielle : la précarité dans les institutions européennes ne concerne pas seulement les contrats ou la sécurité de l’emploi – elle a un impact direct sur la manière dont la justice est rendue, dont les droits sont protégés et dont la confiance dans les systèmes internes est maintenue.
L’impartialité n’est pas séparée de la précarité. C’est l’un de ses indicateurs les plus clairs et les plus urgents.